Les restaurants associatifs à Paris #1 : Tout Autre Chose

REPORTAGE. Les restos associatifs se multiplient à Paris et dans la région. Lieux de convivialité et de rencontres, ils rassemblent des personnes venues d’univers divers et surtout, ils ont tous un mode de fonctionnement différent. Début de notre feuilleton avec Tout Autre Chose, un restaurant associatif basé dans le IXème arrondissement de la capitale.

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Le style fait très « café britannique : murs jaune pâle, ornés de bibliothèques emplies de livres qui débordent même jusque dans le bas des fenêtres. Le sol est en parquet et le bar en bois vieilli. 11h30, Nannie s’active en cuisine. Jeune retraitée, elle « adore cuisiner« .

Pendant ce temps, dans les deux pièces qui composent le restaurant, l’ambiance est studieuse. Les bénéfices du restaurant servent en effet à financer des cours de français et d’informatique aux étrangers fraîchement arrivés en France. Dans la pièce du fond, la plus grande,  Moïse, chemise et lunettes rondes rouges, cheveux et barbes blancs rasés de près, explique la langue de Molière à des Latinos, des Africains et des Arabes. « Tout Autre Chose » est un concept basé sur la mentalité anglo-saxonne, explique Melissa Palmer, avocate, passionnée de cuisine et créatrice du lieu. L’idée c’est de proposer une activité rémunérée à des personnes retraités, ou en échec dans leur travail, puis d’utiliser l’argent récolté à but caritatif. »

A 11h45, c’est le branle-bas de combat. Les « élèves » s’en vont, et les bénévoles préparent les tables pour le service du midi. Changement d’ambiance. Les cadres dynamiques du IXe ont remplacé les apprentis en français mais l’ambiance reste très conviviale. Tout Autre Chose, ce n’est pas les Restos du Cœur !

Des menus riches et variés

Dans la majorité des troquets associatifs, il faut s’acquitter d’une cotisation annuelle pour profiter des petits prix, pas ici. Cependant, un plat simple coûte 12 €, auxquels il faut ajouter 6 € pour l’entrée et le dessert. « Ce sont les prix des brasseries du quartier, justifie Christine, bénévole et pâtissière en chef. La différence, c’est que nos plats sont d’une qualité supérieure. Regardez le menu de la semaine ! Hier c’était curry d’agneau, il y a eu aussi du gigot aux olives et aujourd’hui, on propose de véritables hamburgers américains. La viande vient de Rungis et le poisson est toujours frais du matin, excepté un cabillaud que nous gardons pour les végétariens… il y a de plus en plus de végétariens ! » 

En salle, Annie revit. Après un burnout, le bénévolat au restaurant associatif l’a remobilisée, elle est rayonnante. « Au début, on avait 8-9 personnes chaque midi, maintenant, on en a 30 presque tous les jours ! C’est dur à gérer ! » Christine la pâtissière renchérit : « Nous sommes victimes de notre succès, on ne va bientôt plus pouvoir accueillir tout le monde, on est à la limite de devenir un centre social. »

Ce n’est pas tant l’activité restaurant qui se développe mais surtout les activités d’enseignement. « Pour les cours de français, nous recevons plus de 10 demandes par jour ! » poursuit Christine. C’est pourquoi la mairie va nous louer un nouveau local de 100 m² – le double de la surface actuelle – pour aider encore plus de personnes. S’agrandir, une obligation pour une association au budget annuel de 148 000 €.

Un Tout Autre Chose Bis

Le concept de Melissa Palmer fait des envieux. A Croissy-sur-Seine, dans les Yvelines, la municipalité a acheté son idée et l’avocate américaine a servi de consultante au conseil municipal. Une copie de Tout Autre Chose y verra le jour avant l’été. Le modèle plait et la conjonction du contexte économique difficile couplé aux nouveaux élans de solidarité laisse penser que de plus en plus de restaurants associatifs devraient naître dans les années à venir. Reste maintenant à trouver des bénévoles motivés pour servir plus de 200 000 repas par an.

Boris Letondeur

Pratique : Tout Autre Chose, 13 rue Rodier, 75 0009 Paris – 01 45 26 17 48

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